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Le nombre d'appareils réellement utilisables pour les missions de surveillance maritime et de patrouille maritime est en très net recul. C'est une erreur stratégique monumentale.
En effet, avec la 2e zone économique exclusive au monde, la France a plutôt intérêt à investir de manière importante mais pragmatique dans la protection de son espace maritime. Cela impose par conséquent un renouvellement progressif mais constant de l'ensemble de la flotte PATMAR/SURMAR.
I) la Patrouille Maritime
Dans les années 1990, la France a acquis 28 Breguet Atlantique ATL2 qui sont largement à la hauteur malgré une motorisation ancienne (ce sont les mêmes moteurs que
le Transall C-160). Ce sont finalement 18 des 22 appareils encore en service qui vont bénéficier d'une profonde modernisation. Débuté en 2019, la livraison des appareils rénovés va se prolonger
jusqu'en 2024. Ils devraient pouvoir rester en service une dizaine d'années supplémentaires. Quant aux 4 appareils non-rénovés, ils seront retirés du service en 2025-2026.
Pour moi, le programme franco-allemand MAWS (Maritime Airborne Warfare System) est
condamné depuis que l'Allemagne a choisit au printemps 2021 la commande de 5 P-8A auprès des Etats-Unis. Et il faut que la France affiche une position plus ferme là-dessus en lançant
immédiatement le programme APM-NG (Avion de Patrouille Maritime de Nouvelle Génération) afin de disposer d'une
solution de repli pour pallier une annulation du programme MAWS qui pourrait trainer mais me semble quasiment inévitable.
Même si la formule bi-turbopropulseur a montré durant de très nombreuses années ses performances en termes d'autonomie à basse altitude, il semble acquis que l'APM-NG sera un avion à réaction.
En effet, actuellement, le choix de la cellule se fera sans doute entre l'Airbus A320neo MPA (ci-dessus à droite) et le Dassault Falcon 10X. Même si ses performances sont encore purement théoriques, je dois reconnaitre que le Falcon 10X relance complètement un dossier où Airbus donnait l'impression de ne pas avoir de réelle concurrence pour ce qui est d'équiper l'aéronavale. En effet, le Boeing P-8 américain est politiquement totalement inenvisageable. A se demander la logique de la décision allemande.
Pour le moment, le choix est relativement difficile entre les 2 appareils et risque de le rester jusqu'aux essais en vol du Falcon 10X dans sa version civile. Pour moi, l'autonomie et la manœuvrabilité à basse altitude seront des critères de choix aussi important que la capacité d'intégration des équipements spécifiques. Il reste qu'il me semble primordiale de pouvant embarquer au moins 4 torpilles ou une chaine SAR dans la soute intégré de l'APM-NG. Et là, il n'y a pour le moment aucun élément connu sur cette question pour le Falcon 10X.
En tout état de cause, la logique opérationnelle voudra que les APM-NG opèrent depuis la Base Aéronavale de Lann-Bihoué au sein de la Flottille 21F ou de la Flottille 23F, le choix définitif n'étant pas encore fait. Au vu de la situation stratégique assez évolutive, entre 15 et 18 appareils pourraient être nécessaire même en prenant en compte l'hypothèse de l'arrivée de drones en plus.
II) la Surveillance Maritime
Autant la situation des appareils est suffisamment bonne pour avoir le temps de voir venir dans le domaine sensible de la patrouille maritime, autant la situation
est dramatique en surveillance maritime. En effet, il n'y a pas assez d'appareils en service qui plus est, certains sont en plus à bout de souffle. Il est donc urgent d'investir.
En effet, avec sa Zone Économique Exclusive qui est la deuxième au monde, la France va devoir investir pour éviter de voir ses ressources pillées en toute impunité faute de contrôle. Et c'est en outre-mer bien entendu que les besoins sont les plus criant vu que la ZEE métropolitaine ne représente que 3% de la ZEE totale française qui dépasse les 11 millions de km².
A) Le Corps des Garde-Côtes
Avec la création d'un Corps des Garde-Côtes, on peut dire que la marine nationale n'aura plus à assurer le remplacement de ses EMB-121 Xingu pour ce qui est de la surveillance maritime. Il faudra également s'assurer du remplacement définitif des F406 Caravan II qui appartenaient quant à eux aux douanes. Il est à noté que la Cour des Comptes a rendu un rapport très négatif concernant la gestion de ce dossier.
Le nouveau Corps des Garde-Côtes mettra en service un total de 16 Beechcraft King Air 350ER pour assurer l'ensemble des missions. Ce sont donc 8 appareils supplémentaires qui seront mis en service. Ils seront plus orientés SURMAR que les ex-appareils des douanes. De ce fait, je nommerais "POLMAR" les ex-appareils des douanes afin qu'il soit possible de bien les identifier dans l'explication ci-dessous.
Sur les 16 appareils, il y a 11 appareils basés en métropole sur 3 sites différents. On a 2 bases ultramarines qui accueillent les 5 exemplaires restant. Cela donne le format suivant :
C'est l'absence d'avions de patrouille ou de surveillance maritime de la marine en Méditerranée qui explique entre autre le fait que la base varoise dispose du parc le plus important. Quant à la nouvelle base mahoraise située donc à Dzaoudzi, sa mission principale sera d'assurer une véritable surveillance sur l'ensemble du canal du Mozambique et non simplement d'aider à la lutte contre l'immigration clandestine venant des Comores voisines.
B) La marine nationale
Dans la mesure où elle partage maintenant la mission de surveillance maritime avec le nouveau Corps des Garde-Côtes, la marine nationale va pouvoir concentrer ses moyens sur un seul type d'appareil. Comme officiellement prévu avec le programme AVSIMAR (avions de surveillance et d'intervention maritime), un seul modèle serait commandé pourremplacer à la fois les Falcon 200 Guardian et les Falcon 50 actuellement en service.
Le modèle officiellement choisi est donc le Falcon 2000 MRA/MSA qui est une version militarisée du Falcon 2000LXS. Correctement équipé, ce serait à mon sens un excellent choix avec une autonomie annoncé d'environ 4000 milles nautiques (soit 7400 km).
Par contre, j'envisage une unité supplémentaire et donc de porter le programme à 14 unités afin de réellement pouvoir faire face aux besoins. Je pense également que le calendrier manque d'ambition avec un retrait non totalement compensé des Falcon 200 Guardian en 2024-2025. L'unité supplémentaire serait donc à faire livrer en 2024-205 afin de ne pas faire descendre le parc sous les 12 machines.
La modernisation du parc de la Flottille 25F est donc très urgente. Couvrant les vastes ZEE de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie Française, il est donc officiel que sa flotte actuelle de 5 Falcon 200 Guardian sera retiré du service d'ici la fin 2025. Il faudra les remplacer par 5 nouvelles machines. Dans le cadre d'un dispositif plus permanent, je pense également qu'il serait judicieux de lui confier le nouveau détachement de la Réunion. C'est donc au total 7 Falcon AVSIMAR qui seraient au final confiés à la 25F pour couvrir l'ensemble de l'Océan Indien et de l'Océan Pacifique. Ce n'est pas énorme mais déjà mieux que la situation actuelle.
La métropolitaine Flottille 24F bénéficierait d'une modernisation puisqu'elle recevrait également 7 Falcon AVSIMAR qu'elle utiliserait essentiellement depuis la Base Aéronavale de Lann-Bihoué (56). Elle armerait cependant un détachement permanent à Cayenne qui est, entre autre, partie prenante dans la sécurisation des lancements depuis le Centre Spatial Guyanais.
C'est un dispositif assez conséquent mais absolument nécessaire à moyen terme pour rester crédible dans le domaine de la police en mer. Encore faudrait-il pouvoir intercepter les contrevenants ! Mais c'est un autre sujet que je développerais dans les forces navales.